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« Spare the rod and save the child » : rôle important des pédiatres dans la prévention des comportements violents et anti-sociaux

Dr Emmanuel Escard

Des études sur de très grands échantillons (ex. d’une recherche récente aux USA sur 36 309 adultes) montrent le lien très fort entre les punitions corporelles dans l’enfance, les autres formes de maltraitance infantile et les comportements anti-sociaux ultérieurs (près d’1 situation sur 2 concernée, aussi bien pour les hommes que pour les femmes).

Une autre étude sur 4 433 enfants et leurs mères (UK) a montré que la probabilité d’une psychose à 18 ans était 3 fois plus élevée en cas de traumatismes dans l’enfance, surtout s’il s’agit de violences physiques, sexuelles ou de négligences.

Depuis quelques années, l’Académie américaine de pédiatrie recommande aux pédiatres (qui sont les mieux placés pour être en contact avec les 2 parents) de détecter les violences conjugales et d’évaluer le risque d’homicide, notamment en posant des questions sur d’éventuelles menaces de mort, la présence d’armes à domicile etc. Ce risque est encore plus important dans la période où Mme pense s’enfuir avec son/ses enfant/s.

Il est demandé aussi aux pédiatres de pouvoir distinguer les adolescents qui sont seulement auto-agressifs de ceux qui peuvent aussi s’en prendre aux autres (et qui sont beaucoup moins nombreux), car ils constitueraient 2 populations distinctes. Les seconds ont plus de problèmes psychiatriques et d’addictions, moins de contrôle des impulsions, plus d’antécédents psychiatriques dans la famille.

De manière inhabituelle, une recherche dans une population non clinique a retrouvé que des traumatismes dans l’enfance permet à certaines victimes de devenir plus résilientes (« post-traumatic growth »). A l’âge adulte on peut retrouver plus d’empathie affective et globale vis-à-vis des autres.

Dans ces quelques exemples issus de recherches très récentes, on peut voir le rôle clé que doivent avoir les pédiatres dans la détection des violences et leur prise en charge précoce, avec l’évaluation des risques et ressources tant au niveau des mineurs que des parents. La santé mentale des victimes en dépend en partie de même que la santé et sécurité de la société…

« Qui aime bien… protège bien ».

Afifi TO et al. Associations of harsh physical punishment and child maltreatment in childhood with antisocial behaviors in adulthood. JAMA Netw Open 2019 Jan 4; 2:e187374.
Croft J et al. Association of trauma type, age of exposure, and frequency in childhood and adolescence with psychotic experiences in early adulthood. JAMA Psychiatry 2019; 76(1):79-80.   
Randell KA et al. Risk of intimate partner homicide among caregivers in an urban children's hospital. JAMA Pediatr 2019 ; 173(1) :97-98.
Richmond-Rakerd LS et al. Adolescents who self-harm and commit violent crime: Testing early-life predictors of dual harm in a longitudinal cohort study. Am J Psychiatry Mar 1 ; 176(3) :186-195.
Greenberg DM et al. Elevated empathy in adults following childhood trauma. PLoS One 2018 Oct 3; 13:e0203886

 

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Publié par Sandrine Tinland

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