Violences entre frères et soeurs

La résistance non-violente pour traiter la violence entre frères et sœurs

Auteur : Dre Evangelia Sanida

La violence entre frères et sœurs est probablement la plus fréquente et la moins reconnue des formes de violence entre enfants. Il y a peu d’écrits dans la littérature professionnelle et ce problème ne fait pas l’objet d’une grande couverture médiatique. Toutefois Haim Omer et son équipe de Tel-Aviv ont créé un protocole de soins pour traiter cette forme de violence. La méthode de Haim Omer est inspirée par la résistance non violente des grands leaders comme Gandhi ou Nelson Mandela contre le régime politique.

Haim Omer explique que le fait de s’engager dans une guerre entre parents et enfants peut avoir des résultats désastreux. Par leur colère, les parents peuvent souvent glisser dans une situation où ils infligent les pires violences ; « Je vais lui montrer ! ». Or, ceci ne fait qu’accentuer la tension émotionnelle et les actes d’hostilité des deux parties, pour montrer qui est le « chef ». Le sentiment d’impuissance des parents augmente le risque de violences physiques et psychologiques. Il est conseillé aux parents d’éviter au maximum l’escalade et d’adopter une attitude ferme mais calme.

Souvent les parents sont bloqués dans l’exercice de l’autorité parentale par la peur de l’effondrement psychique de l’enfant. Ceci est basé sur une croyance sous-jacente que l’enfant souffre d’un trouble psychique. La crainte la plus paralysante est celle du suicide de l’enfant. Haim Omer explique aux parents que les manifestations de violence ne sont pas liées à une maladie dont souffrirait l’enfant, mais seraient plutôt le fruit des interactions au sein du système familial. La violence reflète la manière dont l’enfant se débarrasse de sa souffrance. Ce qui peut aider les parents à gérer ces craintes serait qu’ils préparent leurs démarches à l’avance afin de réduire les risques au minimum.

Quand les parents sont présents et imposent des limites, l’enfant se sent moins seul, et il est plutôt protégé d’un geste suicidaire. Ainsi, Haim Omer propose une augmentation de la présence parentale auprès de l’enfant turbulent. Les parents doivent s’intéresser au quotidien de l’enfant, superviser ses activités de plus près. Ils doivent montrer des gestes d’amour envers l’enfant qui ne seraient pas la récompense d’un bon comportement, mais des manifestations spontanées d’attention. Ceci donne le message à l’enfant turbulent qu’il fait toujours parti de la famille.

Une technique contre la violence est le « sit-in ». Quand l’enfant manifeste de la violence contre sa sœur/frère, les parents doivent entrer à deux dans sa chambre en disant « Nous n’accepterons plus la violence contre ta sœur/frère ! Nous allons nous asseoir ici et attendre que tu proposes une solution ». Il est conseillé aux parents de rester là pendant une heure, et de répéter ceci à chaque nouvel épisode de violence. Haim Omer soutient que l’enfant commence très vite à proposer des solutions adéquates aux parents. Si c’est le cas, les parents peuvent alors quitter la chambre en disant : « Nous allons donner une chance à cette proposition ». Dans le cas contraire, ils partent en disant : « Nous n’avons pas encore trouvé de solution ».

Selon Haim Omer la violence doit être externalisée et le coupable doit être invité à résister lui-même à sa propre violence. Un outil important de résistance à la violence est la présence physique des « résistants ». Omer invite les parents qui sont confrontés à un enfant violent de créer un réseau de soutien. Ce soutien doit être concret, les intéressés doivent être disponibles pour intervenir physiquement en cas de besoin. Les victimes (frère ou sœur) doivent avoir plusieurs numéros de téléphone pour appeler s’ils se sentent menacés. L’auteur de violence est informé que le problème a été partagé avec plusieurs personnes qui risquent d’intervenir le cas échéant. Il suffit parfois de l’annonce à l’auteur d’une révélation de la violence à l’extérieur de la famille pour que les manifestations d’agressivité diminuent.

Le manque de collaboration entre les deux parents, ainsi que la honte qu’ils ressentent face au problème sont les deux obstacles principaux à l’application du protocole de Haim Omer. Le programme consiste en 5 à 10 entretiens avec un clinicien expérimenté ainsi qu’un soutien téléphonique de la part d’un groupe d’étudiants.

Référence : Omer H, Shor-Sapir I, Weinblatt U. Résistance non violente et violence entre frères et sœurs. Thérapie familiale 2007 : 1(28) : 27-44.

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Publié par Sandrine Tinland

Un commentaire

  1. ; « Comme toute exigence ethique, la non-violence presente une double-face : l’une invite a ne pas collaborer avec la violence, l’autre a ?uvrer pour la justice. »

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