CulturePrévention

Que faire avec les facteurs culturels et sociaux favorisant les violences ?

L’OMS demande à ce que les professionnels de santé se positionnent contre les facteurs sociaux et culturels favorisant les violences.

Ces préconisations sont issues d’études internationales à travers le monde, dans des contextes culturels très différents. Elles sont largement utilisées dans des programmes de prévention des violences domestiques et des violences sexuelles.

Au niveau des suivis individuels, les professionnels de santé sont censés porter ses valeurs, avec sensibilité et respect. Il faut rappeler aussi que dans un certain nombre de cas, les normes culturelles et sociales ne correspondent pas nécessairement aux attitudes de l’individu ni à ses croyances, même s’il les défend.

Cela implique pour les professionnels, le moment venu (adéquat), d’avoir un discours engagé dans la défense de ces préconisations. Il peut s’agir :

  • Lors de la prise en charge d’un sujet jeune, de rappeler la nécessaire limitation de la consommation de jeux et films violents, de limiter l’accès à des armes, à de l’argent facile, de favoriser une prise d’emploi et d’un logement adéquat, de se méfier de certaines croyances religieuses et politiques, de dénoncer des pratiques traditionnelles nocives
  • de dénoncer les méthodes éducatives violentes, les normes selon lesquelles il est acceptable de recourir à la violence pour résoudre des conflits, les droits parentaux l’emportent sur le bien-être des enfants
  • pour les femmes : défendre l’égalité des pouvoirs économiques et décisionnels, le droit au divorce quand il y a des violences, qu’elles puissent se réunir dans des groupes de parole, que la loi soit appliquée de manière à décourager les violences (not. sexuelles)
  • restreindre l’accès aux moyens favorisant les passages à l’acte suicidaire (et ne pas en faire la publicité sous couvert du respect de l’autonomie et d’un choix purement individuel)
  • lutter contre les inégalités entre les groupes et l’intolérance, sources de violences collectives, et se concentrer sur les groupes les plus vulnérables qui nécessitent le plus de moyens
  • combattre la passivité mais aussi lutter contre les normes qui encouragent l’instabilité sociale, le recours à la force excessive (manifestants, police, soins…)
  • obtenir l’engagement des décideurs dans cette lutte contre les violences.

Référence :

  1. OMS. Prévention de la violence : les faits. Genève, 2013, p.110-122.

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Publié par Emmanuel Escard

Médecin-adjoint responsable de l’Unité interdisciplinaire de médecine et de prévention de la violence. Département de médecine communautaire, de premier recours et des urgences aux Hôpitaux universitaires de Genève.

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