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Highlight- Les cyberviolences sexuelles entre partenaires intimes

Sandrine Tinland on 29 septembre 2025 | 0 Commentaire

 

Synthèse : E. Escard.

Le cybersexe est de plus en plus fréquent, deux tiers des adolescents mineurs le pratiqueraient surtout avec des sextapes selon une étude française (Rousseau M et al, 2023). Des liens existent avec une plus grande fréquence de la consommation de vidéos pornographiques dès le plus jeune âge et des comportements sexuels déviants (Barrios Miras E, 2025).

Les cyberviolences sont présentes dans presque tous les cas de violences conjugales (9/10, d’après les statistiques du centre Hubertine Auclert, Paris) et commencent pendant la vie commune. La littérature médicale s’intéresse de manière récente aux cyberviolences sexuelles, particulièrement dans le contexte intime et chez les jeunes avec des chiffres élevés mais variables dans les études en fonction des définitions et des méthodes utilisées. Elles accompagnent, prolongent et renforcent souvent les autres cyberviolences (contrôle, surveillance, harcèlement…) et les autres types de violences conjugales.

 

Un article francophone publié en 2024 (Gauthier A et al.) fait le point sur cette question, cette forme démultipliée de violences psychologiques, sexuelles et sexistes, et les évolutions en matière de surveillance, contrôle et de harcèlement dans les couples ou ex-couples.

Les moyens technologiques comme les téléphones portables, les ordinateurs et les plates-formes de médias sociaux peuvent être utilisés pour envoyer des messages non sollicités à caractère sexuel, diffuser des contenus intimes tels que des photos ou des vidéos, faire du chantage ou inciter à agresser sexuellement la partenaire ou l’ex-partenaire.

Les formes de cyberviolences sexuelles les plus documentées sont le revenge porn et la sextorsion, surtout étudiées chez les jeunes. Les études montrent également que les jeunes hommes hétérosexuels en sont souvent victimes et que la population LGBTQ+ est encore plus affectée selon une recherche récente dans 10 pays (Henry N, 2024).

Les conséquences psychologiques sont dévastatrices sur les victimes, avec un possible impact sur leurs relations sociales et leur travail. La particularité est l’omniprésence de ces violences et leur incontrôlabilité. Certaines victimes vont être plus vulnérables, en raison par exemple de leur statut légal ou de leur précarité, de leur âge, de leur orientation sexuelle, de leur handicap.

Les motivations des auteurs peuvent être diverses, comme la colère, le chantage, la vengeance, l’extorsion avec le souhait d’atteindre l’intégrité, l’image et l’honneur de l’autre et parfois d’avoir des compensations purement financières. Les auteurs sont plus fréquemment de sexe masculin mais leur profil demeure inconnu à ce jour.

 

Les lois et la police essayent de s’adapter à ce nouveau phénomène avec des outils nécessaires pour mener à bien les enquêtes et les instructions. Même si les cyberviolences sexuelles ne sont pas une infraction en tant que telle, les faits peuvent révéler d’une autre infraction comme la contrainte sexuelle, le harcèlement, l’extorsion, la menace, la pornodivulgation, l’envoi non sollicité d’images sexuelles, l’utilisation abusive d’une installation de télécommunications, l’usurpation d’identité etc. L’application concrète par les tribunaux doit être encore précisée et renforcée.

Les plates-formes numériques ont également proposé des mécanismes de signalement afin de permettre aux victimes de demander le retrait des images intimes de ces plates-formes.

La prévention passe par l’éducation et la sensibilisation du public, la formation des membres des forces de l’ordre et du système judiciaire, le renforcement des réglementations et des lois pour lutter contre cette forme de violences sexuelles avec le développement d’une coopération internationale.

Les professionnel-le-s de la santé doivent pouvoir détecter ces violences spécifiques et proposer un accompagnement psychosocial, voire juridique. Ils ont un rôle majeur à jouer dans la promotion d’une sexualité respectueuse en tenant compte également du contexte culturel et des normes en fonction des générations. Les victimes doivent pouvoir rassembler des preuves, les conserver en lieu sûr et construire une stratégie de protection numérique.

 

 

Références :

Barrios Miras E, Esquerda Areste M. Sexual consent in adolescence. Influence of the consumption of « new pornography » on decision-making. Anales de Pediatria 102(2025)503791.

Collective. Promoting sexual consent principles in the sexual and reproductive health care of adolescents and young adults. Position paper, Society for Adolescent Health and Medicine. Journal of Adolescent Health 2023,73:205-209.

Gauthier A et al. Les cyberviolences sexuelles dans les relations intimes: enquête sur un phénomène en expansion. Annales médico-psychologiques 2024,182:579-585.

Henry N, Umbach R. Sextortion. Prevalence and correlates in 10 countries. Computers in human behavior 158(2024)108298.

Rousseau M et al. Prevalence and factors associated with active cybersexuality among teenagers between 15 and 17 years old. A cross sectional study in Normandy, France. Archives de pédiatrie 2023,30:260-265.

Volman Pampanel D, Gewirtz-Meydan A, Tarshish N. Childhood sexual abuse and technology-facilitated sexual violence on dating aps. The moderating role of motivations for use. Child Abuse & Neglect 15582024) 106958.

 

Sites utiles :

https://www.centre-hubertine-auclert.fr/egalitheque/publication/kit-daction-contre-les-cyberviolences-conjugales

https://www.guide-protection-numerique.com/

http://techagainstviolence.ch

 

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Posted by Sandrine Tinland

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