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Highlight- La maltraitance sur mineurs : un enjeu sanitaire au niveau cardiovasculaire ?

Résumé : Dr E. Escard.

 

La violence à l’égard des enfants est un problème majeur de santé publique avec des conséquences dévastatrices et coûteuses. En Europe, une évaluation a estimé que le coût annuel de ces violences est d’environ 600 milliards d’euros.

Les études montrent que le fait d’être victime de maltraitances infantiles augmente de manière significative le risque de maladie cardio-vasculaire, qu’il s’agisse d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral, d’artérite, de troubles du rythme cardiaque, d’insuffisance cardiaque ou plus simplement d’hypertension artérielle. Or ces maltraitances sont fréquentes (1 enfant sur 4 serait victime de maltraitances physiques en Europe et 1 sur 3 de maltraitances psychologiques) et les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité en Suisse (28,4% des décès en 2023) et dans le monde. Aux États-Unis par exemple, il est estimé que la maltraitance infantile est directement liée à près de 500 000 morts précoces évitables par an !

Les conséquences cardio-vasculaires de ces violences sont plus importantes chez les femmes. L’effet cardio-vasculaire peut commencer très tôt, de jeunes adolescent-e-s victimes ayant déjà une augmentation de la masse corporelle, de la fréquence cardiaque de repos, et il a été retrouvé un index de rigidité artérielle augmenté ce qui est un facteur de risque de problèmes cardio-vasculaires à l’âge adulte. D’autres expériences négatives de l’enfance (« adverse childhood experience ») peuvent aussi augmenter ce risque.

Les mécanismes qui expliquent ce lien sont multiples, avec des éléments d’ordre biologique, psychologique et comportemental, en rapport avec le développement neurologique de l’enfant et des conséquences épigénétiques. Les troubles des conduites alimentaires, le risque addictif et de sédentarité en lien avec ces violences peuvent aggraver le tableau clinique.

La violence infantile, surtout si elle est précoce, va intervenir sur un cerveau immature et être responsable d’altérations majeures du développement cérébral, de son néocortex et d’une régulation efficace de son système nerveux autonome.

Cela renforce encore la nécessité de mettre d’importants moyens pour détecter et prendre en charge les enfants maltraités notamment dans le contexte domestique. Les médecins de premier recours devront particulièrement surveiller après un dépistage de ces violences l’apparition de conséquences somatiques et psychosomatiques à distance.

 

Référence : Houppe JP. La maltraitance infantile : un angle mort dans la prévention cardiovasculaire. La Presse Médicale Formation, 6(3), June 2025.
https://doi.org/10.1016/j.lpmfor.2025.100664

 

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Posted by Sandrine Tinland

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